I.D. Card
Les lits, davantage semblables à des couchettes de prisonniers, constituaient certainement tout ce qu’on pouvait trouver de plus inconfortable. Cependant, l’évidence était là : ces lits étaient toujours plus confortables que leur misérable vie. D’ailleurs, que leur restaient-ils de cette vie qui ne va pas tarder à prendre fin ? Une valise à leurs pieds, contenant à peu près tout ce qui leur est cher dans ce monde. Tiens, on peut même apercevoir une urne sur l’une des valises. Vraiment ? Une urne ? Soit ! Prenez, prenez tout ce qui vous semble nécessaire pour le « voyage dans l’au-delà ». Les lits étaient disposés en cinq rangées de quatre, qui faisaient face à deux autres lits, légèrement surélevés par une estrade, au confort beaucoup moins sommaire. Sur l’estrade se trouvaient un homme et une femme, tout de blancs vêtus. L’homme portait une robe blanche à capuche brodée d’un fil doré et la femme une robe en soi blanc, à la capuche brodée d’un fil argenté, aussi argenté que ces longs cheveux. Jon et Nova s’avancèrent sur l’estrade, pour faire face aux gens assis sur le bord de leurs lits. Il y avait des personnes âgées, d’autres beaucoup plus jeunes, et même – Nova évita de le regarder – un enfant. En tout vingt-six personnes attendaient le discours des maîtres d’or et d’argent.
- Souvenez-vous, commença Jon, il y a quelques mois de ça vous n’étiez rien. Rien d’autres que des âmes vides qui rôdaient dans un monde qui n’étaient plus le leur !
Rien d’autre que de la vermine, de la vermine qui s’écrasait face à une société pesante, à des normes idiotes et des règles qui la privait de toute liberté ! Et regardez vous à présent …
Nova avait les yeux baissés et jouait avec la bague en or blanc qui se trouvait à son doigt pendant que son compagnon faisait un discours qui se trouvait être, ma foi, très convaincant. Il fallait qu’elle soit à la hauteur quand ce sera à son tour de jouer son rôle.
-… des âmes libérées de toute oppression, des âmes heureuses qui attendent l’accomplissement final !
Sans non plus trop sur-jouer …
Elle leva la tête vers la petite assemblée. Elle remarqua des sourires sur certains des visages. Bon. D’autres affichaient clairement une perplexité, et d’autres enfin un doute qui les dévorait de l’intérieur. Nova s’avança encore d’un pas, et tous les regards étaient rivés sur elle. Sur son visage se dessina un sourire rassurant, doux et amical, un sourire qui éclaira la salle et répandit une chaleur tangible dans l’assemblée. Elle attrapa du bout des doigts les bords de la capuche en soi qu’elle descendit sur ses épaules, laissant apparaître sa chevelure argentée.
- A présent mes amis, dit lentement Nova d’une voix douce et claire, le sourire toujours aux lèvres, maintenant que nos âmes sont pures, il est grand temps de briser nos chaînes. Il est temps de nous évader de la seule prison qui nous empêche encore de nous accomplir. Il est temps …
Un frisson à peine perceptible traversa la salle.
-… de sortir de nos corps.
De profondes respirations se firent entendre.
Nova fit demi-tour et récupéra une fiole sur la table de chevet de son lit. Elle revient sur le devant de l’estrade, et présenta la fiole devant ses disciples.
- Ceci est le nectar est ce qui nous mènera à la vie. La véritable vie, celle de l’au-delà.
Jon regardait Nova alors qu’elle faisait son discours qui se trouvait être, ma foi, très convaincant. Il ne pu s’empêcher de se visualiser cette petite prostitué bien roulée qui n’avait pas conscience que tous ces hommes la suivraient, même dans l’au-delà. Et qui en outre, lui verseraient tout ce qu’ils possèdent, maison, voiture or et argent. Et la voilà aujourd’hui, jouant son rôle d’illuminée sa fiole à la main. Il avait tapé dans le mille, il en était plus conscient que jamais.
- Votre grandeur ?! insista Nova, le sourire légèrement plus crispé.
-
Il se réveilla de ses rêveries. Oui, la fiole, c’était le moment. Il alla chercher la sienne.
- Nous sommes, à partir d’aujourd’hui, liés pour l’éternité. Sous sommes à présents une famille, soudée dans le bonheur, qui s’apprête à effectué un voyage éternel. Ouvrons nos élixirs de vies.
Tous ouvrèrent leur fiole d’un même geste, sauf le petit garçon qui se fit aider par son père. Les yeux de Nova se focalisèrent ailleurs.
- Buvons mes amis, buvons ce poison pour notre corps et cette délivrance pour notre âme.
Et tous burent d’une même gorgée l’intégralité de la fiole. Jon et Nova grimacèrent légèrement une fois le contenu de la fiole absorbée.
- Allongeons nous sur ce qui sera, dès à présent, notre vaisseau pour l’eau delà, dit Jon en allant se poser sur son lit, suivit de Nova.
Et tous firent de même.
Le poison mettra environs 4 minutes pour agir. Nova essayait de chasser de sa tête l’image du petit garçon en train de boire la fiole, alors qu’un du gardien, déguisé en pseudo prêtre, récitait des choses incompréhensibles en latin. Ces mots assemblés aléatoirement et récités d’une voix mystique ont presque eu la conséquence de la faire rire. Réprimant son rire, elle se tourna vers Jon et chuchota :
- De la Vodka ? Sérieusement ? Si j’avais sur je ne l’aurais pas bu cul-sec, elle m’est rapidement monté à la tête.
Jon sourit.
- A croire que notre voyage à nous est annulé.
Une semaine plus tard, Nova était encore dans le repère de la secte. Les corps de ces idiots débarrassés, ils avaient trouvé des choses très intéressantes dans les valises. De l’or principalement. Ces abrutis pensaient vraiment qu’ils pourraient les emporter dans leur tombes ou dans je ne sais pas quel voyage ? Ils avaient fait tellement de choses pour elle jusqu’ici. Vendre leurs maisons et lui donner l’argent de la vente, lui donner les clefs de leurs voitures… Et aujourd’hui ils sont morts, par simple naïveté. Des gens faibles. C’était la première fois que Nova faisait ça, et ça été intéressant pour elle de découvrir jusqu’où les gens sont près à aller pour soulager une quelconque souffrance. Mais elle comptait bien ne pas s’arrêter en si bon chemin. Dès le mois prochain, une nouvelle fournée de petits dépressifs, immensément riche et immensément naïfs. Elle avait même déjà oublié le petit garçon dont elle avait pris la vie arbitrairement.
Elle se leva.
- Où vas-tu comme ça ma petite Crinière Argentée, dit Jon en entreposant des bijoux d’or dans des boîtes.
- Je crois bien être l’unique personne à se soucier de prendre une douche, dans ce trou à rats !
Elle trouvait le reflet de son visage extrêmement beau. Totalement narcissique, elle pouvait se contempler un petit bout de temps, en pensant qu’il était normal que tous les hommes perdent la tête quand ils se trouvent près d’elle. Elle ouvrit le robinet du lavabo et pencha la tête pour se rincer le visage. L’eau qui touchait son visage et le rafraichissant instantanément devenait d’une texture de plus en plus éloignée de sa texture d’origine. Jusqu’à ne plus avoir de texture du tout, en espace d’une fraction de seconde. Nova surprise se redressa. Tout semblait parfaitement normal. L’eau coulait bien dans le lavabo comme n’importe qu’elle eau. C’est en regardant du côté du miroir que Nova comprit. Le miroir n’affichait plus son reflet mais semblait être un écran qui affichait une tempête de pluie, la pire des tempêtes que Nova ait pu voir. Elle se senti tomber, tomber…Tomber…
Silver ouvrit les yeux. Un petit moment d’adaptation plus tard, elle reprit conscience d’elle-même. Elle était encore hantée par ces rêves de sa vie passée. Sans aucune raison. Hell était certainement l’endroit où elle s’est le plus amusée de son existence. C’était un paradis en enfer. Ici, elle était sa propre reine, maître de son destin et de celui des autres. C’était ça, son voyage dans l’au-delà.
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